Le noble art, le ballon ovale, mes copains et moi.

Vendredi 12 février 2016 -photos à venir.

Un entraînement pas comme les autres, une surprise. Avec les adultes on ne sait jamais à quoi s'attendre quand on parle de surprise. On nous avait promis un truc à ne pas louper. Alors je prends mes crampons, mon short et mon maillot et advienne que pourra. Alex presque à l'heure, 30 minutes de voiture destination Rumilly.

Le coin ne ressemble pas à un terrain de rugby, il n'y a qu'Enzo qui n'est pas perdu et qui bondit quand il reconnaît son Lycée. Ici on est chez moi ! Les pilards en force !

Direction un bâtiment un peu vieillot, mélange de mode architectural année 80, mi MJC, mi maison des associations, c'est quoi ce road trip ?  Consignes des coachs avant de rentrer, une sombre histoire de podologues pour expliquer qu'on va devoir laisser nos crampons à l'entrée, mais surtout qu'on va devoir rassembler 16 ans de consignes et d'éducation familiale pour respecter les directives qu'on allait nous donner, parce que franchi ce seuil les coachs se dégageaient de toute responsabilité...

Pu....., la salle de boxe ! Le truc digne des des meilleurs films hollywoodiens, étriquée, sans age, surchauffée, une palanquée de photos défraîchies affichées aux murs, Ali, Duran, Hagler, Ray Sugar, Mormeck et tant d'autres, des combats de légende et d'autres plus obscurs.

Accueil express par Sebastien son père et comme dans tous les films le gars qui est toujours là, assis il ne dit rien, il observe. Rocky, When we were kings, Million dollar baby ou Racing Bull. 3 minutes pour se changer, la boxe c'est romantique au cinéma mais ici tu comprends rapidement que tu es pas là pour rigoler.

Tout le monde y passe, la coupe de cheveux, le maillot exotique qui se mérite, le gars qui ralenti le rythme, les canons entre potes, les filles, le coup des lacets défaits pour retrouver un peu de souffle et tu manges devant tout le monde, je baisse la tête et j'accepte, pas toujours malin mais raisonnable, je ne vais quand même pas me révolter contre un type qui a 39 combats dans les pattes pour 35 victoires. Il fait chaud, trop chaud, j'ai soif, j'ai mal, si je lâche je prends cher, très cher, toujours à la limite, le Seb connaît bien son affaire, la critique est individuelle la sanction est collective. Il sait que contre l'US je n'ai pas été à la hauteur, il me le rappelle. Au rugby c'est 3 mi-temps à tous les étages, (le dernier palier étant souvent le plus long) pas à la boxe.

Musique de fond sur un ampli qui crache le tempo de la salle. Corde à sauter, abdos, pompes, courses courtes, mais quand est ce qu'on boxe ? Un tour avec les gants au sac de frappe, la claque, c'est dur, très dur, sur les 1ers coups je me prend pour Tyson et puis rapidement c'est du n'importe quoi, une parodie de combat de rue vue sur Youtube.

Je serre les dents, plus personne ne rigole. Seb en remet une couche, "Vous croyez quoi ! Que Lomu est devenu le plus grand, parce qu'il s'appelait Lomu ! Que Ali est devenu le plus grand parce que c'était Cassius Clay ! Le travail, les gars, le travail, le sacrifice ".

Au début les adultes souriaient de nous voir trimer comme des bêtes, réminiscence du défunt service militaire ? Et puis j'ai vu leur regard changer, de la compassion, et puis peu être du respect. Du respect quand sur les 40 derniers abdos on s'est mis d'un seul homme à compter ensemble, toute l'équipe, explosée par la douleur, la raison en vrac et les muscles brûlants.

5 minutes de sophro, notre coach du jour qui nous rappelle des règles trop vîtes oubliées, la douleur de la défaite, l'amour du maillot, la volonté, le travail qui fini toujours par payer. 

On dit 2 truc sur la boxe, 1 que la planète entière connait  le champion du monde des poids lourds et en 2 que c'est le sport le plus difficille du monde. Pour le 1er je ne sais pas mais que pour le 2ème je vous certifie c'est vrai.

Merci au Boxing Club de Rumilly pour leur super accueil.

Les rugbymen du RCAV.